Soulèvement de la Génération Z au Népal : interdiction des réseaux sociaux, corruption et exigence de responsabilité
- Kimi
- il y a 17 heures
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En septembre 2025, des manifestations nationales de grande ampleur ont éclaté au Népal, principalement menées par des étudiants et des jeunes de la génération Z (nés entre 1995 et 2010). Surnommés « Manifestations de la génération Z », ces mouvements ont initialement été déclenchés par l'interdiction générale de plusieurs plateformes de réseaux sociaux par le gouvernement. Le catalyseur sous-jacent était le mécontentement populaire de longue date face à la corruption, aux étalages ostentatoires de richesse des puissants et aux allégations de détournement de fonds publics. À mesure que les manifestations prenaient de l'ampleur, leurs revendications, initialement axées sur la liberté d'Internet, se sont élargies à des enjeux plus vastes, tels qu'une plus grande transparence de la gouvernance et la responsabilité politique. La section suivante explique les principales raisons de ce soulèvement mené par la jeunesse au Népal.
Le déclencheur : l’interdiction des réseaux sociaux
Les manifestations ont été directement déclenchées par le blocus gouvernemental des réseaux sociaux. Le 4 septembre 2025, le gouvernement népalais a brutalement fermé 26 plateformes de réseaux sociaux à travers le pays, dont Facebook, Instagram, YouTube, WhatsApp, X (Twitter), WeChat et LINE, entre autres plateformes populaires tant au niveau national qu'international. Les autorités ont affirmé que cette mesure était due au fait que les opérateurs ne s'étaient pas enregistrés comme l'exigeait la loi, mais de nombreux citoyens y ont vu une tentative de museler la dissidence en ligne sous couvert de conformité. Ce blocus généralisé d'Internet a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase et a brisé la patience de la jeune génération, déclenchant des manifestations de jeunes dans tout le pays moins d'une semaine après l'entrée en vigueur de l'interdiction.
Il est à noter que l'interdiction a été annoncée au moment même où le gouvernement proposait un nouveau projet de loi obligeant les plateformes de réseaux sociaux à s'enregistrer et à se soumettre à la réglementation au Népal, renforçant ainsi le contrôle des contenus en ligne. De nombreux jeunes ont donc perçu cette interdiction comme un signal d'étouffement de la voix de la génération connectée par le gouvernement. L'interdiction des réseaux sociaux a directement suscité le ressentiment des jeunes, qui sont descendus dans la rue pour manifester afin de réclamer le rétablissement de la liberté sur Internet. Malgré la levée hâtive de l'interdiction par le gouvernement après le début des manifestations, la colère s'était déjà propagée et les revendications des étudiants et des jeunes ont commencé à s'étendre, passant de simples problèmes liés à Internet à un mécontentement envers le système politique dans son ensemble.
Le mécontentement accumulé de la génération Z au Népal : corruption et népotisme
Si les manifestations ont apparemment été déclenchées par un black-out des réseaux sociaux, cette vague de colère de la génération Z découle d'années de ressentiment latent contre la corruption et le népotisme du gouvernement. Le Népal est en proie à des troubles politiques depuis la démocratisation, avec plusieurs politiciens âgés qui se succèdent au pouvoir depuis plus de dix ans. Ces dirigeants sont largement perçus par les jeunes générations comme synonymes de corruption et d'enrichissement personnel.
Les jeunes ont été témoins de la concentration continue du pouvoir entre les mains d'une petite élite familiale, et les démonstrations ostentatoires de richesse et d'opulence des enfants de familles politiques influentes ont alimenté l'indignation du public. Des observateurs ont constaté que de nombreux enfants de hauts fonctionnaires affichent leur style de vie fastueux sur les réseaux sociaux, notamment avec des voitures de luxe, des sacs à main de créateurs et des vacances à l'étranger, créant un contraste saisissant avec la vie souvent difficile des Népalais ordinaires. En effet, des semaines avant l'interdiction, des plateformes comme TikTok regorgeaient de publications et de vidéos révélant le style de vie extravagant des « enfants nepo ». Utilisant des hashtags comme #PoliticiansNepoBabyNepal et #NepoBabies, les utilisateurs ont publié de nombreuses publications et vidéos contrastant l'extravagance de ces enfants avec les difficultés des Népalais ordinaires, générant des millions de vues.
De jeunes manifestants ont exprimé leur colère : « Les gens ordinaires souffrent de la pauvreté, tandis que les enfants des riches et des puissants se livrent à des dépenses extravagantes. » Par exemple, Shrinkhala Khatiwada, ancienne reine de beauté (et fille d'un ancien ministre de la Santé), se vantait fréquemment en ligne de ses voyages à l'étranger et de son train de vie fastueux, ce qui a incité les manifestants à la qualifier de symbole des privilèges de l'élite. Lors des manifestations, sa résidence familiale a même été incendiée, témoignant de la colère croissante de la population. De même, la chanteuse Shivana Shrestha, belle-fille de l'ancien Premier ministre Deuba, a fréquemment mis en ligne des vidéos présentant ses luxueuses demeures et ses vêtements haut de gamme. La petite-fille de l'ancien Premier ministre Prachanda a suscité la fureur en exhibant des sacs de créateurs valant des centaines de milliers de roupies. La diffusion virale de ces vidéos et photos a suscité la condamnation de l'élite politique et de ses enfants dans tout le pays, et les manifestants ont même pris d'assaut et incendié les maisons de certaines familles influentes.
Cela montre que la corruption et le népotisme ont provoqué chez la jeune génération un profond ressentiment envers la classe dirigeante, et l’interdiction des réseaux sociaux n’est que l’étincelle qui déclenche leur explosion.
Détournement de fonds publics et déséquilibre économique
Outre les étalages ostentatoires de richesse des puissants, la mauvaise gestion des fonds publics par le gouvernement et la pauvreté généralisée constituent une autre source persistante de ressentiment chez les jeunes Népalais. Au fil des ans, de nombreux scandales ont éclaté, peu de responsables étant tenus responsables, ce qui a alimenté le mécontentement de la population face à l'immunité juridique dont bénéficient les puissants. Par exemple, au moins 71 millions de dollars de fonds publics ont été détournés du projet d'aéroport international de Pokhara, tandis qu'un autre scandale a révélé que des politiciens profitaient de la vente illégale de quotas de réinstallation aux réfugiés bhoutanais. Cependant, ces affaires de corruption majeures sont restées impunies, renforçant le sentiment d'un manque de responsabilité de la classe politique.
De plus, les difficultés économiques du Népal ont exacerbé les frustrations de sa jeunesse. Les statistiques officielles situent le taux de chômage des jeunes à plus de 20 %, l'un des plus élevés d'Asie du Sud. En raison du manque d'emplois et de perspectives de carrière au Népal, environ un tiers du PIB du pays dépend des transferts de fonds. De nombreux jeunes sont contraints de migrer pour travailler ou de travailler dans l'économie informelle, tandis que ceux qui restent sont confrontés à de faibles salaires et au chômage. Cependant, les personnes au pouvoir sont accusées de canaliser les ressources à leurs propres fins, ce qui entraîne un sous-investissement chronique dans l'éducation, l'emploi et d'autres domaines, laissant peu d'espoir à la jeune génération.
Crise de gouvernance et manque de responsabilité politique
L'escalade rapide des manifestations au Népal découle d'une crise de gouvernance de longue date : un manque de transparence et un leadership peu responsable, ce qui a entraîné une perte de confiance du public envers le gouvernement. Depuis l'abolition de la monarchie en 2008, les gouvernements successifs ont rarement connu de bons résultats : treize en seulement quinze ans, créant une période d'instabilité politique. Au cours de la dernière décennie, trois hommes âgés – Oli, Deuba et Prachanda – ont alterné au poste de Premier ministre, occupant ensemble douze postes. Cependant, ces changements de pouvoir n'ont pas permis d'apporter de réformes substantielles. Au contraire, la résurgence des mêmes personnes a alimenté les rumeurs de népotisme et de corruption.
Les jeunes générations se lassent de plus en plus des règles du jeu politique, persuadées que des intérêts particuliers s'entendent uniquement pour des gains égoïstes et que les dirigeants en place monopolisent les ressources politiques et économiques par népotisme, ce qui freine le développement national. Ce déficit de confiance est particulièrement marqué chez la génération Z, qui a pratiquement perdu confiance dans les élites politiques traditionnelles et réclame de toute urgence de nouveaux modèles de gouvernance et un changement générationnel de leadership.
Alors que les manifestations se poursuivaient, les revendications de l'opinion publique se sont intensifiées, passant de la condamnation de la corruption et du rétablissement des libertés sociales à la démission des dirigeants politiques, voire à un changement de paysage politique. Les manifestants scandaient des slogans exigeant que le gouvernement assume ses responsabilités et fournisse des explications, nombre d'entre eux préconisant même la dissolution du gouvernement actuel et le rétablissement d'une équipe dirigeante intérimaire chargée de régler en profondeur les problèmes persistants.
Les manifestations de la génération Z au Népal s'intensifient et Septembre noir
Sous l'effet conjugué de ces facteurs, les manifestations de la génération Z au Népal ont dégénéré en l'un des troubles les plus graves depuis des décennies. Dès le 8 septembre, de nombreux étudiants, vêtus d'uniformes scolaires et universitaires, sont descendus dans la rue, se rassemblant dans des villes comme Katmandou, la capitale, scandant des slogans anti-corruption. Initialement pacifiques, les manifestations ont rapidement dégénéré, la police tentant de les disperser par la force. De jeunes manifestants ont franchi les lignes et incendié de nombreux bâtiments gouvernementaux et résidences politiques, dont le Parlement, des résidences ministérielles et même des hôtels de luxe dans des lieux touristiques. Le nouveau bâtiment administratif de Nadupal, symbole du pouvoir national, a été la proie des flammes, une scène qui a choqué la nation.
La police a eu recours aux gaz lacrymogènes, aux canons à eau, aux balles en caoutchouc et même aux balles réelles pour réprimer les manifestations, faisant de nombreuses victimes. Le 11 septembre, des dizaines de manifestants avaient été tués et plus d'un millier blessés. Le bain de sang des jeunes manifestants a attisé la colère, et la vague de protestations s'est propagée à travers le pays.
Sous une pression immense, le parti au pouvoir a finalement cédé. L'après-midi du 9 septembre, le Premier ministre Oli, en poste depuis seulement six mois, a annoncé sa démission, accompagnée de plusieurs de ses ministres. À cette nouvelle, les rues de Katmandou ont éclaté en acclamations : « Nous avons gagné ! » Des jeunes, brandissant des drapeaux nationaux et bravant le couvre-feu, sont descendus dans la rue pour célébrer et pleurer leurs camarades tombés au combat. Cependant, la démission du Premier ministre n'a pas immédiatement calmé les protestations. De nombreux manifestants ont insisté sur le fait que leur lutte ne cesserait pas tant qu'un nouveau gouvernement véritablement responsable et honnête ne serait pas mis en place.
Le Parlement népalais est actuellement paralysé, laissant un vide au sein du gouvernement, obligeant l'armée à imposer un couvre-feu dans la capitale et d'autres zones afin de maintenir l'ordre. Ces troubles, qui ont secoué ce petit pays d'Asie du Sud et ont été surnommés « Septembre noir » par les médias, constituent les troubles sociaux les plus graves à avoir frappé le Népal depuis la fin de la guerre civile. Ils mettent en évidence la profonde désillusion de la jeune génération envers l'ancien système politique et sa détermination à éradiquer la corruption et à reconstruire un nouvel ordre fondé sur la transparence et la justice.
Conclusion
En résumé, le soulèvement de la génération Z au Népal n'est pas un événement soudain et impulsif, mais le résultat inévitable de problèmes structurels persistants. En apparence, l'interdiction des réseaux sociaux a attisé les flammes de la contestation, mais plus profondément, des années de corruption accumulée, de népotisme et d'aggravation des inégalités de revenus constituent les principaux explosifs dans la poudrière. À travers ce mouvement, les jeunes expriment leur profond mécontentement face aux dysfonctionnements et au manque de responsabilité du gouvernement, et réclament des changements. Leurs protestations témoignent du désir de transparence, d'équité et d'opportunités de la jeune génération, et rappellent aux dirigeants que s'ils ne s'attaquent pas aux problèmes institutionnels et ne répondent pas aux revendications de la population, la moindre étincelle pourrait déclencher une tempête de plus grande ampleur. Ce soulèvement de la jeunesse au pied de l'Himalaya écrit un nouveau chapitre pour la démocratie et l'avenir du Népal, et constitue également un signal d'alarme pour les autres pays : les réformes en faveur de la justice intergénérationnelle et de la responsabilisation ne peuvent être ignorées.